La piste Certares, le fonds d’investissement composé notamment d’Air France-KLM, s’éloigne alors qu’elle avait été un temps privilégiée par Rome.
Un décret sur mesure pour Lufthansa. Le gouvernement italien a en effet publié le 3 janvier un nouveau décret sur la privatisation d’ITA Airways née des cendres d’Alitalia, feuilleton qui dure maintenant depuis plusieurs mois.
Ce décret prévoit une cession “en plusieurs étapes” passant par une phase initiale d’augmentation de capital réservée à l’acquéreur qui devrait dans un premier temps racheter une part minoritaire.
Ultérieurement, le prétendant qui doit être nécessairement une compagnie aérienne, pourra acquérir la majorité du capital d’ITA Airways, précise le décret.
Le géant aérien allemand Lufthansa, considéré comme grand favori dans la course au rachat d’ITA, pourrait ainsi suivre la voie déjà empruntée pour sa montée au capital de Brussels Airlines, acquise en deux étapes, en 2009 et 2016.
Même schéma que pour Brussels Airlines
Dès l’acquisition d’une part minoritaire d’ITA, Lufthansa devrait prendre les commandes du successeur d’Alitalia, même si l’Etat italien garde un droit de regard sur les décisions stratégiques.
Selon le quotidien Corriere della Sera, Lufthansa vise une part d’environ 40%, évaluée entre 180 et 200 millions d’euros, et pourrait monter jusqu’à 100% du capital à moyen terme.
Une telle opération “ouvrirait de nouvelles perspectives non seulement pour Lufthansa, mais aussi pour ITA”, a déclaré Carsten Spohr, dans une interview au quotidien allemand Die Zeit.
“Nous voulons et nous devons être encore plus européens. Ce n’est pas un secret que l’Italie est pour nous l’un des marchés les plus importants”, a-t-il détaillé.
Officiellement, tous les candidats au rachat qui avaient participé à la procédure de vente précédente menée par l’ancien gouvernement dirigé par Mario Draghi sont cependant autorisés à soumettre des offres.
Le gouvernement sceptique vis-à-vis d’Air France
Rappelons que l’ancien gouvernement de Mario Draghi avait pourtant sélectionné fin août l’offre concurrente du fonds d’investissement américain Certares, associé à Air France-KLM et Delta Air Lines, en vue de l’ouverture de négociations exclusives.
Mais les élections législatives italiennes ont changé la donne avec la victoire du parti d’extrême droite Fratelli Italia, qui avait sommé le Premier ministre sortant de ne pas hâter une décision.
Devant l’absence de progrès dans les discussions, le nouveau ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti avait annoncé en octobre sa décision de ne pas renouveler la période d’exclusivité.
Giancarlo Giorgetti, favorable à une reprise d’ITA par Lufthansa, s’est montré sceptique vis-à-vis d’Air France-KLM, qui aurait été selon lui un simple partenaire commercial et non industriel.
Une entrée au capital par Air France-KLM ne pourrait en effet pas dépasser 10%, car la compagnie a les mains liées en raison des conditions imposées par la Commission européenne en contrepartie de l’aide publique reçue pour surmonter la crise du Covid-19.
Le géant italo-suisse du transport maritime MSC, qui avait déposé en janvier 2022 une offre conjointe avec Lufthansa, avait jeté l’éponge en novembre, laissant la compagnie allemande seule en piste.
Rachat d’ITA Airways: l’Italie ouvre un boulevard à Lufthansa